Rémy Julienne entre dans le cercle du film d’action en 1964 avec Mylène Demongeot, Louis de Funès et Jean Marais dans « Fantômas ». 

Au départ, il n’est pas question pour lui d’être cascadeur, seulement conduire des motos. Mais la passion du cinéma s’empare de lui pour ne plus le lâcher. Il conçoit alors des scènes d’actions pour le cinéma, la télévision ainsi que des spectacles de mécanique en live.

Le cinéma

Après 3 ans de collaboration avec Gil Delamare, célèbre cascadeur de l’époque, Rémy devient responsable de l’équipe de cascades mécaniques d’un film devenu culte : « La Grande Vadrouille ». 

Le tournage prend du retard et Rémy est attendu sur un autre tournage : « Le Saint prend l’affût ». Gil Delamare lui propose de le remplacer. Rémy accepte et continue sur « La Grande Vadrouille ». 

Sur le tournage du film « Le Saint prend l’affût », Gil Delamare exécute la même cascade a plusieurs reprises pour les besoins de la production. Lors d’une des prises, le véhicule se retourne et part en tonneaux. 

Deux cascadeurs, Odile Astier et Gaston Woignez, présents à bord, sont grièvement blessés. Gil Delamare est tué sur le coup.

Cet événement tragique décide de l’avenir de Rémy. Les producteurs et réalisateurs lui demandent s’il se sent capable d’assurer la suite de ses contrats.

Malgré le doute et le chagrin, il relève le défi en souvenir de Gil. Autodidacte, il s’attelle à cet incroyable challenge. Un seul impératif : une rigueur inconditionnelle. 

" Un grand professionnel vient de mourir.
Qui suis-je, moi, pour prendre sa suite ? "
Rémy Julienne
Extrait du livre " Ma vie en cascades "

Commence alors une fantastique épopée dans les annales du cinéma, jusqu’à nos jours.

Il tourne pour des productions françaises et internationales de renoms. 

Collabore avec des réalisateurs prestigieux : George Lautner, Claude Lelouche, Peter Collinson, Henri Verneuil, Costa Gravas,Terence Young, Sergio Leone, John Woo, Sam Peckinpah… 

Travaille avec des acteurs de légende : Alain Delon, Jean-Paul Belmondo, Jean Marais, Charles Bronson, Johnny Hallyday, Michael Caine, Terrence Hill, Jean Gabin, Al Pacino etc.

INA – Institut National de l’Audiovisuel

1980 – Interview de Rémy Julienne – Tournage des scènes de cascades du film « Inspecteur La bavure  » de Claude Zidi .

Mémoire, les images d’archives en région Centre

1980 – Paris – Tournage des cascades du film « Le Professionnel »  de Georges Lautner

Réalisation : ©Rémy Julienne

Muet

" Ce qui m'intéresse, c'est de parcourir le monde, d'aller de plateau en plateau, de vivre ma passion jusqu'au bout. "
Rémy Julienne

Malgré sa participation à un grand nombre de productions à travers le monde, Rémy est ambitieux et caresse encore un rêve.

Il le réalise, lorsqu’en 1978 Pinewood Studios et Eon Productions le contactent. C’est le début de l’aventure avec le célèbre espion 007 et la conception de scènes d’action pour 6 James Bond.

En 1981, il reçoit un Annual Award de la Motion Picture Hall of Fame aux USA en tant que « meilleur coordinateur de cascades » pour le film « Rien que pour vos yeux ».

Mémoire, les images d’archives en région Centre

1980 – Île de Corfou
Tournage du film « Rien que pour vos yeux »

Réalisation : ©Rémy Julienne

Muet

La télévision

Dès 1971, l’équipe de Rémy Julienne réalise une série de 5 films publicitaires destinés à vanter les mérites de la ceinture du Dr Gibaud, dans l’émission Carossello.

S’en suit deux années de films publicitaires pour le secteur automobile : les pneus Michelin, Volkswagen avec Georges Lautner et les pneus Uniroyal (l’accident en 1971 et deux roues en 1972) avec Jean-Jacques Annaud. Il tourne ensuite pour les pneus Dunlop avec Philippe de Broca puis pour la K70 de Volkswagen.

La publicité pour Fiat fait partie de son « fond de commerce ». Il imagine une série de gags pour un film Fiat à la télévision américaine.

Début 1976, il conçoit deux publicités : une pour les pneus Kleber-Colombes avec le metteur en scène Hugh Hudson et une pour Peugeot, réalisée par Edouard Molinaro. Un court métrage pour les pneus SEAT et le groupe IVECO débute l’année 1977. Enfin, trois films publicitaires pour Fiat-U.S.A. pour les Fiat 124, 127 et 131.

Il participe également au spot publicitaire pour la Renault 14 qui remporte un Lion d’argent à Cannes. Et conçoit des scènes d’actions pour d’autres marques tel que Ford, Milka, les jeans Lee Cooper…

" J’aime parler du cinéma publicitaire parce qu’à mon sens il représente le plus haut niveau de technique cinématographique. En une minute, il faut être capable de tout exprimer, c’est-à-dire de tout mettre en oeuvre. C’est pour chacun une discipline de fer qui mobilise l’orgueil, le savoir-faire, la précision. "
Rémy Julienne
Extrait du livre " Ma vie en cascades "

Outre les publicités, à partir de 1975, il est de plus en plus fréquemment demandé par la télévision. 

Notamment pour des films (« Les filles d’Adam » d’Eric Le Hung, « Légitime défense » de Claude Grinberg…) et des séries (« Les 400 coups de Virginie » de Besnard Queysanne, « Rioda » de Sylvain Joubert, « Smiley’s People » de Simon Longton, Julie Lescaut ou encore « Perry Mason »…) 

Il sera également contacté pour une émission de télévision à Los Angeles, intitulée « Super Stunts », qui permet à la crème des cascadeurs de faire admirer leurs dernières créations.

Les spectacles de mécanique

Le cinéma d’action fascine le spectateur, en partie grâce à l’Art de l’Illusion, notamment dans les scènes de cascade. Si elle captive, inquiète, intrigue, souvent la cascade s’exprime à travers un rôle secondaire. 

Tout au long de sa carrière, Rémy Julienne a souhaité magnifier la cascade en la positionnant dans le cadre d’une histoire afin de démontrer la dimension artistique de l’action, sublimée par les « hommes de l’ombre » et ainsi marquer une progression : la cascade devient un Art. 

La plus pure expression de cet art se retrouve lors des spectacles de mécanique.

Mémoire, les images d’archives en région Centre

1985 – Cepoy – Spectacle de mécanique offert par Rémy Julienne aux habitants de Cepoy

Réalisation : ©Rémy Julienne

Muet

 

" Notre culture – la cascade-action – cherche à minimiser l’élément morbide (la casse) au profit de la valeur technique, du courage, de l’audace, de la science des exécutants, de l’expérience des intervenants et de l’esprit créatif des concepteur. "
Rémy Julienne

Motor Show de Bologne

En 1986, l’équipe de Rémy Julienne intervient dans un spectacle mécanique à Bologne (Italie) à titre de « cascadeurs de cinéma » : le « Motor Show « .

Dans ce genre de show, contrairement au cinéma, on ne peut pas organiser de répétitions lorsqu’il est l’heure de faire le show, le public attend. Ce n’est plus du cinéma mais du théâtre, ce qui suppose une véritable mise en scène. Le « Motor Show » lui fait découvrir les sensations du direct.

La même année, ce show reçoit 1 650 000 spectateurs en 14 jours. Grâce à leurs participations au Motors Show de Bologne de 1980 à 1986, ils sont promus « Meilleurs Show Men du cinéma ». 

En avril 2009, le record d’affluence est battu au stade de France avec 79 000 spectateurs en une soirée pour une animation. 

Moteurs... Action ! chez Disney

Au début des années 1990, Disney Imagineering USA demande à Rémy de concevoir une attraction de cascades sans casse, renouvelable plusieurs fois par jour, difficilement imitable et de classe internationale, pour le Parc n°2 de Disneyland Paris, dévolu au cinéma, qui n’est pas encore ouvert.

En 2002, « Moteurs… Action !  » voit le jour lors de l’ouverture du premier Parc Disney, après 4 années de travail. Le succès est immédiat : l’attraction remporte le meilleur indice de satisfaction du public dès le départ.

Disney USA reproduit à l’identique cette même attraction en 2005 à Orlando (Floride) à l’occasion du 50ème anniversaire de l’ouverture de son premier parc. 

Démonstration au Stade de France

En 2009, l’équipe fait également une démonstration au stade de France à l’occasion d’un match de rugby opposant Bayonne au Stade Français. 

Deux jours avant, la préfecture annule l’autorisation car la vitesse est jugée trop  élevée. La cascade a dû être effectuée avec le moins de vitesse possible, ajoutant une difficulté supplémentaire. 

" Le cinéma d’action existe grâce aux cascadeurs. Ils méritent à leur tour d’entrer dans la lumière et d’être honorés publiquement, au même titre que les acteurs, pour leurs performances. "
Rémy Julienne